Avec un grand-père violoniste, une mère altiste, un père tromboniste, une soeur violoncelliste, Primor Sluchin pouvait difficilement échapper à un destin musical. A l’âge de 8 ans, elle choisit la harpe, un instrument inédit dans la famille. Deux ans plus tard – elle n’a alors que 10 ans – elle crée avec son violoniste de frère, Naaman Sluchin, le duo Sluchin. Leur collaboration perdure encore aujourd’hui.
Artiste précoce, Primor Sluchin a vu plusieurs bonnes fées de la harpe se pencher sur son berceau. C’est avec Annie Fontaine qu’elle découvre l’instrument, l’apprivoise, le domine au point de rejoindre en 1997 la classe d’Isabelle Moretti au CNSM de Paris. Suivront quatre années d’études tournées vers l’excellence, couronnées par un premier prix décerné à l’unanimité. En 2001, Primor Sluchin parachève son perfectionnement avec une autre grande harpiste, Marielle Nordmann. Elle est alors prête pour rejoindre l’une des plus grandes formations musicales du monde, l’Orchestre Philharmonique de Berlin, qu’elle intègre en 2002 en remportant la prestigieuse bourse Karajan. C’est aux côtés de la première harpe Marie-Pierre Langlamet qu’elle élargit sa culture musicale, joue dans les plus grandes salles et acquiert une expérience inestimable du métier d’orchestre sous la direction de Sir Simon Rattle. Elle découvrira ainsi le Festival de Salzbourg, jouera sous la direction de chefs invités renommés comme Pierre Boulez, Bernard Haitink, Daniel Barenboim et Mariss Jansons.
En 2003, de retour de Berlin, la carrière de Primor Sluchin connaît un tournant. Elle intègre l’Opéra Royal de Wallonie (ORW) au poste de harpiste solo. Elle découvre pour la première fois le métier de musicien d’opéra. Elle débute cette nouvelle expérience par l’immense Tétralogie de Wagner, mise en scène par Jean-Louis Grinda, puis approfondit l’ensemble du répertoire lyrique, de Verdi à Puccini en passant par Debussy. A plusieurs reprises, elle s’est produite seule avec le choeur de l’ORW au cours de spectacles qu’elle a initiés.
Régulièrement, Primor Sluchin revient à ses premières amours symphoniques. En 2010, elle se produit avec l’Orchestre National d’Ile de France sous la direction de Yoel Levi. La même année, elle participe avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France au festival de musique contemporaine Agora. Récemment, elle a joué avec l’Orchestre National de Belgique, le Brussels Philharmonic, l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg et l’Orchestre Nuove Musiche.
Sa collaboration la plus prolifique reste à ce jour le duo Nefeli, créé en 2008 avec la harpiste Agnès Peytour. Ce duo de harpes, aussi rare qu’apprécié se produit régulièrement en Belgique (Palais des Beaux Arts de Bruxelles, de Liège, de Charleroi) et en France (Musicales Guil Durance 2011, Lille). Il remet au goût du jour un répertoire riche, étincelant, souvent spectaculaire. Parallèlement, Primor Sluchin a initié d’autres duos : Alma Lyra avec la soprano Sabine Conzen, un duo violon et harpe avec Nathalie Huby, et depuis 2018 le duo Emaho avec la pianiste Maud Renier.
Enseignante depuis 2008 à l’Académie de Waremme près de Liège, Primor Sluchin oeuvre activement à la promotion de la harpe en Belgique. Elle rejoint les Jeunesses Musicales en 2010 et lance, la même année, un projet qui fera date : le projet Harpegio mené par l’association du même nom. Avec les harpistes Agnès Peytrour et Vinciane Degroote, elle organise à Bruxelles le premier concours de harpe réservé aux jeunes talents belges. L’évènement est plébiscité par des dizaines d’élèves et leurs professeurs. Il a désormais lieu tous les deux ans, en alternance avec une Master Class, dans le cadre du Musée des Instruments de Musique. Il est considéré comme un tremplin pour les harpistes en devenir.
Depuis septembre 2017, Primor Sluchin enseigne au Conservatoire Royal de Liège